TERROIR

Avec une altitude de 650 mètres au-dessus du niveau de la mer, les champs de thé d'Ishikawa font partie des champs de thé les plus élevés du Japon. En hiver, il peut faire plus de -15 °C et le reste de l'année de grandes différences entre la température diurne et nocturne se font sentir. Ce climat particulier est un excellent stimulant pour le thé aromatique et sert à lutter naturellement contre les parasites. Le froid rude de l'hiver représente quant à lui un défi particulier pour la culture du thé. Lorsque le père de notre fermier a commencé à la fin des années 1970 à cultiver difficilement de nouveaux champs dans le district de Shimoyama de la ville de Toyota, un centre de recherche sur le thé situé par hasard à proximité lui est venu en aide et lui a recommandé le cultivar Komakage. Ce dernier, nouvellement cultivé, était parfaitement adapté au terroir montagneux du fait de sa résistance particulièrement élevée au froid. Le sol a également dû être préparé et rendu fertile pour la culture du thé en utilisant des engrais naturels tels que des copeaux de bois ou du son d'arachide qui ont progressivement apporté des nutriments au sol le transformant ainsi, après plus d'une décennie de dur labeur, en une terre très productive avec une structure en miettes saine (« Danryu-Kozo »). Grâce à leur situation isolée dans les montagnes bordées de forêts profondes, les champs bénéficient toute l'année d'un air pur extrêmement préservé de toute influence nocive de l'environnement, ce qui les rend parfaitement adaptés à la culture du Matcha aromatique de montagne.

LE CHEMIN VERS LA PREMIÈRE FERME DE MATCHA BIO DU JAPON

Les champs de thé d'origine de la famille Ishikawa se trouvaient dans des zones de basse altitude, mais à la fin des années 1970 ils ont dû être abandonnés pour laisser la place à la construction d'une ligne de chemin de fer. En guise de dédommagement, le père de notre fermier s'est vu attribuer par l'État de nouvelles terres situées en montagne. Il a donc fallu créer des champs entièrement nouveaux - un travail de titan qui a demandé une endurance quasi surhumaine au père de notre fermier, à cause du froid hivernal particulièrement glacial. Malgré des températures glaciales, il a travaillé jour après jour dans les champs et a passé la nuit dans un bus désaffecté et mal isolé à côté de ses champs. Ce qui lui a donné la motivation nécessaire, c'est sa volonté farouche de poursuivre le travail de ses ancêtres d'une part, et de réaliser son rêve d'une ferme de thé sans pesticides d'autre part. Grâce à ce travail acharné depuis la création des champs de thé à Shimoyama, le sol n'a jamais été en contact avec des pesticides chimiques. L'engrais est lui aussi d'origine purement organique et la famille le fabrique avec beaucoup d'attention. Ainsi, le son d'arachide, qui constitue une source d'azote importante pour le sol, n'est pas extrait à l'aide de N-hexane comme c'est généralement le cas sur le marché, mais pressé selon un processus purement mécanique nettement plus coûteux.

Comme Ishikawa Seicha produisait déjà du thé écologique et durable bien avant la standardisation de JAS Organic, il lui a été facile de se faire certifier en 1995. Alors que d'autres producteurs récemment convertis à l'agriculture biologique ont dû attendre plusieurs années avant d'obtenir la certification, Ishikawa Seicha n'a eu besoin que d'adaptations minimes. C'est ce qui explique pourquoi il a été le premier cultivateur de Tencha & Matcha du Japon à obtenir la certification JAS Organic pour son exploitation. La famille Ishikawa est particulièrement fier du fait qu'en plus du JAS Organic, elle répond également aux strictes normes de l'UE-BIO et de l'USDA Organic par exemple car celui-ci lui permet d'exporter jusqu'à 80 % de ses produits à l'étranger où la qualité supérieure du Matcha d'Ishikawa a trouvé une grande attention et de nombreux amateurs. Ce qui contraste fortement avec d'autres cultivateurs.

DE BOXEUR À PREMIER CULTIVATEUR DE MATCHA DU JAPON

Aujourd'hui, la ferme est dirigée par M. Ishikawa Tatsuki, représentant la troisième génération qui se passionne pour la culture du thé. À l'origine, explique M. Ishikawa, l'activité agricole de ses parents lui était insupportable car ayant grandi à Aichi, ville marquée par l'industrie automobile, il a longtemps ressenti un sentiment d'infériorité par rapport à ses camarades de classe et à leurs parents employés dans l'industrie. Ainsi, pendant ses études universitaires, il s'est surtout consacré à sa grande passion : la boxe professionnelle. Il y a cherché à faire carrière. Ce n'est qu'après avoir obtenu son diplôme universitaire que sa passion pour la culture du thé s'est manifestée, la perspective de produire des thés de haute qualité par son propre travail acharné et ravir ainsi les gens l'a motivé dans cette voie. C'est ainsi que le boxeur en herbe est devenu en peu de temps l'un des cultivateurs de thé les plus respectés du Japon. Sa formation complète dans tous les aspects de la culture du thé est particulièrement impressionnante. Qu'il s'agisse de l'exigeant certificat d'instructeur Nihoncha, de la formation dans les principales écoles de cérémonie du thé ou de récompenses dans des concours de roulage et de dégustation de thé, M. Ishikawa ne rate aucune occasion de développer et de démontrer ses connaissances et son savoir-faire. Il convient également de mentionner l'engagement, hérité de son père en faveur de l'agriculture biologique et régionale. Ishikawa Seicha a toujours eu à cœur non seulement de cultiver lui-même en bio, mais aussi de convaincre les agriculteurs voisins, d'abord sceptiques, de se convertir à l'agriculture biologique, ce qui fut un grand succès. Pour cet engagement de longue date en faveur de l'agriculture biologique, il a reçu en 2008 le prix du Premier ministre japonais, un honneur particulier, car ce prix n'est décerné qu'à un seul agriculteur par an, pour des mérites très particuliers dans l'agriculture japonaise. Jusqu'à aujourd'hui, M. Ishikawa a toujours eu à cœur d'enthousiasmer la nouvelle génération pour l'agriculture, car on observe depuis de nombreuses années déjà le drastique vieillissement dans l'agriculture japonaise et de nombreux jeunes, comme lui, n'ont guère d'enthousiasme pour le travail dans les champs. Pour ce faire, il a pris la tête d'un groupe régional de jeunes créatifs partageant les mêmes idées. Ainsi le groupe s'efforce de donner une image plus positive des activités agricoles et d'apporter un souffle nouveau à l'agriculture, avec la création par exemple d'un café agricole.

THÉS ISHIKAWA SEICHA